Soirée d'été

J'ai pris cette photo hier soir, au milieu d'une vingtaine d'autres, si ce n'est davantage.
Un vent frais et léger soulevait les rideaux, rafraichissant la pièce durant quelques secondes. Tenter de prendre les mouvements du tissu était grisant... Il m'en faut peu.
Des klaxons ibériques brisaient parfois le silence de leur joie d'avoir remporté la coupe.
Je voulais écrire cet article hier soir, mais le temps a défilé sans moi et la fatigue m'a contraint à préférer un des deux oreillers ci-dessus plutôt que le clavier au touches brûlantes et l'écran aux couleurs acides.

Cet été est d'une chaleur étouffante, mon petit appartement avec ses deux fenêtres plein ouest est un supplice sans équivalence. C'est bien simple, depuis deux semaines j'utilise trois fois moins de vêtements qu'à la normale, et pourtant je ne reste pas en pyjama toute la journée. Je troque ce dernier contre un simple boxer, mais que je porte avec la plus grande élégance bien entendu, pour le plus grand bonheur de mes voisins en vis-à-vis...

En ce début de juillet plusieurs choses ont évoluées.
Tout d'abord je n'ai pas eu le poste que je convoitais à "Couleur Musique". La directrice m'a dit que, selon les demandes, elle pourrait me donner quelques heures puisqu'il allait rester des salles de libre dans les plannings. Ce geste me touche pour plusieurs raisons, tout d'abord pour la sympathie de la personne, mais aussi pour cette générosité qui reflète la difficulté de trouver un emploi aujourd'hui. "Quelques heures" c'est aussi ce que je devrais avoir à Langon, mais pour éviter le cadeau empoisonné il ne faut pas non plus que ça me prenne trop de temps car ce poste en moins signifie que je vais devoir faire le master de musique "à fond". Je n'ai toujours aucune idée d'un sujet de master, même un domaine vague. Je me vois plus dans une étude à mi-chemin entre esthétique et philosophie, ou sur des ponts entre la musique contemporaine, le jazz et la pop que sur les instruments ou un courant de l'histoire de la musique. Mais tout ceci est très vague... Un peu comme le rythme de vie que je vais avoir avoir l'année prochaine entre ces cours potentiels à droite à gauche, la fac avec ses cours et le petit mémoire de M1, les cours de jazz au conservatoire, peut-être des cours particulier de guitare que je pourrais donner de nouveau, de la sono pour deux groupes... Et dire que j'aimerai rentrer en guitare au conservatoire... J'ai comme un doute...

Ensuite je me suis fait un petit plaisir!
Petit est un léger euphémisme car c'est en réunissant tous les cachets que j'ai pu percevoir ces six derniers mois que j'ai pu m'offrir deux guitares. Une folk pour me changer de l'autre qui sonnait de plus en plus mal, et une électrique pour ne plus "squatter" une qui ne m'appartenait pas à chaque répétition.
Il ne s'agit que de satisfaction matérielle, mais elle compte et puis il s'agit de musique pour un musicien, ce sont presque des instruments de travail finalement.
C'est drôle, j'arrive à dire naturellement que je suis musicien, que ça pourrait être mon travail... Il y a encore deux ans ça me parraissait insensé...
C'est ça faire du shopping pour se changer les idées non?
Heureusement qu'on ne change pas de guitare comme de vêtement, le prix n'est pas exactement le même...

Pour finir, je joue et j'écoute beaucoup de musique, des choses nouvelles!
Après cette année passée au conservatoire en jazz, je vais tenter, d'ici la fin de l'été, de donner du renouveau à mon myspace "jazz". Je vais peut-être tout y changer d'ailleurs, jusqu'au nom... Ce sera vraiment piano et guitare sur un accompagnement electro, peut-être qu'il y aura du chant...
J'écoute beaucoup aussi, des artistes qui m'étaient inconnus, d'autres que je redécouvre et ça me fait un bien fou. Il y a quelque chose d'essentiel a écouter du neuf, et comme je suis un boulimique, j'écoute les discographies entière dès que je le peux...
Blonde Redhead, Dj Krush, Tim Buckley, Nine Inch Nails, Zappa, Meldhau, Black Rebel Motorcycle Club, Elbow.
Il est bientôt une heure du matin et, depuis 17h déjà, j'écoute Ulver, un groupe norvégien qui est passé d'un black métal à peine audible à de l'electro presque ambient, raffinée comme peu savent en faire (alors qu'entre les deux ils frôlaient dangereusement avec un métal épique au goût douteux, rempli de grosses voix d'hommes vikings harmonisées curieusement et de guitares classiques).
Il est des rencontres qui sont particulièrement riche, surtout quand elles vous apportent une culture qui n'est pas tout à fait la vôtre et, en un clin d'oeil, vous redonne de l'envie, de la curiosité, cette soif de savoir, de connaitre et d'apprendre encore.
Si j'avais le temps je finirais Les Histoires extraordinaire de Poe pour passer à d'autres oeuvres que je ne connais pas encore et qui trépignent sur leur étagère. Je terminerai cet autre livre "Un siècle de jazz" portant sur l'histoire de l'art autour du jazz, issu d'une exposition "art, cinéma, musique et photographie" au musée du quai de Branly. Et puis je regarderai davantage de film! Il y a eu une semaine où j'ai vu 6 films, presque un par jour, et depuis je n'ai plus eu le temps d'en voir un seul. Ils grondent également d'impatience, à l'étagère juste au-dessus d'ailleurs.

Je suis dans cette impasse délicieuse où je me rend compte que j'aimerai faire mille choses maintenant, mais hélas il est impossible de regarder un film en lisant un livre avec de la musique dans les oreilles.
Il n'y a pas de frustration, car je choisi de faire l'un des trois et les autres m'attendent quelques heures.
Au contraire, ça relève de l'appétit, un peu comme devant un buffet bien garni. Du moment qu'il y en a d'autres après, prenons le temps de savourer!

L'été est à peine commencé, et déjà beaucoup de bonnes choses sont arrivées.
Tout n'est pas rose pour autant, mais il est parfois bon de l'oublier.
Je vis au jour le jour et en ce moment rien ne me va mieux je pense,
mais pour autant, je ne me voile pas la face, je n'oublie pas le passé.
(La limite est-elle ténue entre "aller de l'avant" et "négliger le passé"?)
Je profite d'une simplicité rafraichissante, presque innocente, que je tente de cultiver.
Je suis partagé entre "on ne sait pas de quoi demain sera fait, alors autant profiter du jour présent" et "demain n'est pas écrit, il est à faire, alors autant tenter de le faire le plus beau et le plus agréable possible"

Variations enfantines pour une brise et un rideau