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Pensées chroniques
24 décembre 2010

Xmas time

Une amie me disait qu'elle se sentait obligée de changer de tête quand sa vie sentimentale chavirait...

coupenoel2

J'ai fait de même.
Ma vie sentimentale avec moi-même ayant besoin d'un peu de nouveau, de fraîcheur, de cette folie dont les relations ont besoin pour se réinventer chaque jour, je suis allé dans un salon de coiffure...
Hum, bref.

 Un peu de jazz, "But not for me" par Chet Baker, une chanson de George Gershwin que le trompettiste interprète avec sa voix très douce et un solo simple mais très musical. J'aime beaucoup le changement rythmique au retour du thème.
George Gershwin devait être au centre de mon sujet de mémoire pour mon master recherche. Je devais étudier sa vision du jazz au travers d'une analyse méticuleuse de la Rhapsodie in blue et d'un "panorama" de la musique à New York dans les années 20... jusqu'au moment où je suis tombé sur un ouvrage qui faisait quasiment la même chose.
Retour à zéro.

Ou presque

Je continue à lire des ouvrages sur l'histoire et l'esthétique jazz. Je me dit que je pourrais prendre mon sujet à l'envers et trouver une problématique sur la musique à New York dans les années 20 et que Gershwin n'en serait qu'un élément...

Mais ce sont les vacances. Je devrais écouter Chet Baker sans penser à rien d'autre qu'à mon plaisir et à celui de ma famille que je retrouve pour les fêtes.
 sapin

(Sapin 2010, détail oblique)

Il a même un peu neigé hier soir. Je devrais me réjouir tout comme ma mère s'extasiait à chaque fois qu'elle allumait la lumière du jardin pour voir les flocons. L'interrupteur était alors devenu un "bouton à neige". Elle nous a fait beaucoup rire.
J'arrive à prendre du plaisir et je suis heureux d'être ici en cette période, mais ça ne fait pas tout.

Je n'ai pas apporté mon piano chez mes parents, je ne suis pas allé au magasin de musique de la rue piétonne de Langon, située une rue derrière pourtant, et je n'ai pas allumé le clavier présent dans mon ancienne chambre. Je ne joue pas et je n'en ai pas très envie. Je suis un peu amer.
Il existe un débat sans fin chez les musiciens, opposant technique et musicalité. Tout le monde conviendra que c'est la musicalité qui compte, mais, quand il faut prendre des exemples, les avis divergent. Coltrane ne fait-il que des suites de notes les plus rapides possible? Oasis ne savaient-ils jouer que 3 accords et n'ont-ils pas sorti 7 fois le même album?
Ceux qui me connaissent savent bien que ces questions, extrêmes allant jusqu'à la bêtise, ne reflètent absolument pas mes idées sur ce saxophoniste hard-bop ou ce groupe de brit-pop, et ce n'est pas exactement mon sujet.
Je découvre, sans cesse, que l'expression me manque au piano. J'observe quelques lacunes technique car mes doigts n'ont jamais vraiment été éduqués au clavier mais je progresse. Pourtant, si l'expression ne peut exister sans une technique minimale. Je pense, avec humilité j'espère, avoir déjà passé le stade d'une technique permettant une expression rudimentaire mais musicale. Hélas, si la musique n'est pas faîte de mots, je regrette que les phrases que j'improvise au piano n'aient pas de sens.
Lorsque je joue quelque chose d'écrit, une valse de Chopin ou une chanson, la musicalité ne me fait pas trop défaut mais, dès qu'il s'agit d'improviser, j'en fait le deuil : il n'y a plus de "son".
Alors je travaille, d'arrache-pied, même si cette pensée me rends mélancolique et me décourage sensiblement. Je remets les mains sur le piano, parce que j'aime cet instrument et parce que j'aime le jazz. Mais les doigts continuent de jouer "n'importe quoi", ce qui tombe sous les phalanges, au hasard, jusqu'à ne plus rien donner, jusqu'à ce que le rythme se brise et que la musique s'arrête. Mes mains se resserrent doucement en deux poings enfonçant légèrement deux paquets de touches blanches. Je regarde ma main droite, ma chevalière toujours en bagarre : j
e ne suis pas énervé, juste un peu triste.

Je lorgne alors sur une de mes guitares. Je l'empoigne et commence à improviser, sur le même thème. Les phrases musicales volent en éclats dans tous les sens. Je n'arrive pas à jouer ce que j'ai en tête car je n'ai plus "d'entrainement" sur cet instrument, mais il se passe des choses et il y a du "son".
Je me sens donc prisonnier entre un instrument qui me demande beaucoup de temps pour acquérir de la technique sans arriver à m'exprimer pour autant, et un autre qui m'inspire mais où je n'ai plus la technique nécessaire à rendre mes idées car je n'ai plus le temps d'en jouer régulièrement.
Je pense à arrêter le piano jazz à la fin de l'année scolaire... Je ne sais pas.
Je n'estime pas avoir perdu du temps, bien au contraire, j'ai beaucoup appris. Mais il serait peut-être temps de remettre les choses à leur place.
(J'ai cette dernière phrase en horreur, pourquoi les choses auraient-elles une place?)
On ne peut pas tout faire, je dois m'y résoudre.
(Hélas!)
"Everything in its right place" Radiohead.


Heureusement, il y a les vacances qui me reposent du travail musical, universitaire et également des soirées, ces nuits parfois blanches mais souvent grisantes dont la raison, entre amitié et oublie de soi-même, m'échappe de plus en plus.
Il y a l'album d'Handle With Care qui progresse et les concerts qui vont redémarrer dès janvier me redonnent le sourire.
Et puis il y a ceux que j'appelle "les petits".
Ces jeunes élèves débutant a qui j'enseigne la guitare ou le piano, avec lesquels je prends énormément de plaisir. Je n'aime pas spécialement les enfants, je ne suis pas du genre à m'extasier devant un bébé dans le tram ou parler spontanément à un enfant dans la rue. Mais j'aime enseigner la musique et j'aime voir un enfant ravi de pouvoir en faire.
Les voir partir de rien, leur transmettre des connaissances, une pratique, et entendre la musique naître et les voir heureux, c'est un vrai bonheur.

Joyeux noël à tous.

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Commentaires
J
Amicalement, JMDevésa.
M
Joyeux Noël Raphaël. Les choses ont-elles une seule place ? Pas sûr... Mais on ne peut pas tout faire, en effet. Plus le temps passe, plus nos possibilités sont limitées. Apprendre à aller à l'essentiel, ce qui compte vraiment : voilà tout. Miles Davis me sembler avoir résolu ce dilemne entre "musicalité" et "expression". A bientôt. Gilles.
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