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Pensées chroniques
10 janvier 2011

Dissertation inopinée

Improvisation libre sur un thème universitaire
ou
Comment faire une dissertation à partir de rien
 

Dissert

Ce matin a eu lieu mon dernier partiel du premier semestre. 
(NDR C'était aussi le premier)

Après un triptyque de cours durant les trois derniers mois où on été abordées les relations entre les arts, on nous propose trois sujets de dissertations au choix. L'examen dure 4 heures.

Etant particulièrement occupé à trouver un sujet de mémoire pour la fin de l'année, je n'ai révisé qu'hier après-midi et soir et j'ai volontairement décidé d'occulter le cours "peinture et cinéma" pour me concentrer sur tout ce qui concernait la peinture et la musique. Je me suis que j'avais 2 chances sur 3 qu'un sujet l'évoque pleinement ce rapport. J'ai quand même lu et regardé quelques petites choses sur musique et cinéma au cas où.

Cela fait parti des calculs estudiantins pour optimiser les révisions quand on a peu de temps.
En général, ils fonctionnent très mal.

Voici les trois sujets aux choix:

1. Le cinéma nous apprend-il quelque chose sur la peinture, et réciproquement?

2. Polyvalence et synesthésie dans la création pluridisciplinaire

3. Y a-t'il des arts plus "artistiques" que d'autres? 

Bingo, il n'y a rien de vraiment consacré à "musique et peinture".
Intense jubilation.
Les sujets 2 et 3 nécessitant des exemples musicaux, j'ai opté pour le premier.

J'ai tout de même hésité pendant plus de 30min pour choisir le sujet, mais c'est sans doute avec le premier que je m'en sortirai le mieux.

J'ai quand même un peu peur, 
disserter sur peinture et cinéma alors que je suis en musique est un peu trivial.

Je réfléchi pendant une heure sur mon brouillon, j'écris des idées dans n'importe quel ordre. Je suis content d'être bien entraîné au brainstorming individuel grâce à mes recherches vaines de sujet de mémoire, je fais de belles flèches. 

Au final, voici en résumé ce que j'ai "pondu".
J'ai peur d'être complètement à côté vu que les cours se concentraient beaucoup sur la peinture filmée par le cinéma et non sur quelque chose de beaucoup plus général entre la peinture et le cinéma comme le laisse entendre le sujet.
J'estime donc avoir entre 2/20 et 14/20.
Environ.

Introduction

Cinéma et peinture sont tous deux des arts picturaux mais dans leur essence, le temps ou la temporalité, semble les séparer définitivement. Ainsi c'est selon cet axe que nous allons développer ce qu'est le cinéma pour la peinture et réciproquement. Tout d'abord en parlant du cadre qui prends des valeurs tout à fait différentes, puis du geste artistique et finalement une dernière division d'ordre sensible et sémantique.

I Notion de cadre en peinture et au cinéma.

Au cinéma, le cadre, défini par les bords de l'écran, suggère un hors cadre qu'on aperçoit au premier mouvement de caméra ou au premier montage de deux angles différents par exemple. Il est alors devenu essentiel de définir un "champ" (là où se trouve le cadre, et le hors-cadre) et un hors-champ (là où se trouve ce qui ne sera jamais filmé, l'équipe technique par exemple). Cette définition du cadre ne peut pas s'appliquer à la peinture car l'image est fixe, il y a juste un hors cadre qu'on peut imaginer, ou non, mais qu'on ne connaîtra jamais et qui n'existe peut-être pas.
Pourtant il y a bien du mouvement dans la peinture, mais il est le fruit de la composition-même du tableau et c'est notamment grâce au cadre immobile que cette composition prends forme et que l'oeil fait un mouvement et instaure une autre temporalité pour regarder le tableau.

II Geste : mouvement et trait.

Justement, il existe bien un mouvement dans la composition de la peinture, le mouvement du peintre lui-même. Ce geste que l'oeil va retrouver et que le cinéma à filmé, donnant ainsi une réelle durée dans la peinture. Il ne faut alors plus comprendre composition comme "agencement" mais au sens plus large de "réalisation". Mais ne s'approche-t'on pas de la performance? Les nues bleus de Klein sont des oeuvres d'art mais parle-t-on du tableau, le résultat, ou du moment où ces femmes se sont enduites de bleu et se sont couchées sur la toile?
Le geste caractérise essentiellement le travail de l'artiste peintre, c'est son trait personnel qui fait que l'oeuvre est oeuvre, mais qu'en est-il au cinéma où ce sont des dizaines de personnes qui travaillent en même temps? Où est le trait? Les acteurs? les costumes? les dialogues? les cadreurs? Pourtant il existe bien une personnalité artistique du cinéaste et on ne confond jamais un Woody Allen avec un Tarantino, même s'ils emploieraient la même équipe technique et les mêmes acteurs. C'est peut-être que le réalisateur n'est pas un peintre mais plutôt un chef d'orchestre ou un compositeur qui ne peut réaliser son oeuvre qu'avec l'aide d'autres personnes.

III Réception : sensibilité et polysémie.

Si le cinéma est, historiquement, un art de l'image avant d'être un art du son, dès 1927 le cinéma devient sonore et on ne peut plus le concevoir sans cette dimension. On remarque alors que la peinture n'est "que" peinture tandis que le cinéma, parce que c'est un art qui s'inscrit aussi dans la durée, est l'image "et" le son. Il est le théâtre "et" la peinture "et" la musique. Le cinéma saisi alors tous nos sens et rends les émotions plus vives et plus intense qu'un tableau. Il y a cependant 2 écueils à cette réunion de modes d'expressions.
Le premier c'est que les genres réunis, si on les isolait, ne seraient pas satisfaisant (Qu'est-ce que du théâtre sans scène ni public? La musique de film n'est jamais très riches d'harmonies ou de contrepoints ingénieux non plus) et pour parler peinture, il n'y a aucune "matière" dans l'image projetée alors que les peintres peuvent choisir différents types de peintures ou de matériaux pour créer l'image. De quoi dispose le cinéma pour égaler la matière picturale? De la colorimétrie, de l'éclairage et du bruit sur la pellicule ce qui fait peu de chose. Le second problème, mais qui peut être une force, c'est que le cinéma, parce qu'il est multimédia, resserre le champ imaginaire du spectateur. Un tableau peut nous évoquer des sentiments contraire car l'image seule est extrêmement polysémique, en revanche lorsque les 3 messages (texte, image et son/musique) se superposent, il est difficile d'imaginer des choses différentes. Ainsi on peut dire que la peinture sollicite et nourri l'imaginaire, alors que le cinéma guide la pensée.

Conclusion.

En explorant les limites entre peinture et cinéma on peut définir un art en fonction de l'autre et il apparaît encore plus clairement que c'est bien la temporalité qui les sépare. Il serait alors intéressant de chercher une forme d'expression qui vise à réunir peinture et cinéma en exploitant cette limite. Les projections lumineuses de Wilfred vont sans doute dans ce sens.




Ma copie faisait un peu plus de six pages.
Comme on dit familièrement : Je suis parti en live.
Mais ça m'amuse beaucoup parce que c'est un peu fou de faire ça pour un examen de master et puis finalement je ne suis pas non plus mécontent de ce que j'ai trouvé et écrit ce matin.
J'espère que le correcteur sera du même avis, il n'y a aucune référence aux cours. 
Wait and see. 

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Commentaires
U
Cute blog,i like your post.
R
J'ai eu 5/20... J'espère que cette note doit se traduire par "copie intéressante, mais absolument hors-sujet"
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