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Pensées chroniques
28 janvier 2011

La surdité

kollok

Dialogue pour un sourd

 

Hier soir, jeudi 27 janvier 2011, a eu lieu la deuxième édition du "Kollok international", au Café des Moines.
Le thème de la soirée était la surdité et c'est pour cette occasion que j'ai composé Dialogue pour un sourd.

Le surdité m'évoque différentes choses.
Tout d'abord la peur et l'enfermement, ne plus pouvoir écouter ou faire de la musique.
Ensuite je pense à Beethoven... Classique.
La surdité m'évoque aussi les "dialogues de sourds", les quiproquos ou l'incompréhension de manière plus générale et c'est ceci le vrai sujet de la pièce.

Beethoven n'y est qu'un prétexte amusant, une mise en abyme un peu facile (je ne me doutais pas qu'il deviendrait, sans concertation, le fil conducteur de la soirée... Les musiciens seraient-ils peu audacieux et prévisibles?). La IX° symphonie, composée quand il était vraiment sourd, n'est qu'une base sonore, j'aurais pu partir de n'importe quel autre compositeur en réalité.

La surdité, dans cette pièce, intervient à plusieurs niveaux. Tout d'abord par le traitement de la symphonie en elle-même qui découpe l'oeuvre en petit bouts, la passe à l'envers ou la sature comme une guitare électrique et j'en passe, détruisant ainsi un des plus "grand chef d'oeuvre de la musique classique" (je dis ça avec une certaine ironie, j'aime particulièrement cette oeuvre mais j'estime que rien n'est intouchable ou sacré). Ce traitement peut être perçu comme étant le fait de quelqu'un d'insensible, d'insensé, de sourd à la musique de Beethoven. Elle peut aussi être vue comme si l'on donnait une perception totalement biaisée de la symphonie, comme si c'était l'auditeur lui-même qui était sourd.

La surdité c'est ensuite le dialogue entre la partie électroacoustique et le piano qui tentent d'aller ensemble sans jamais y arriver, et ceci jusqu'à l'énervement. La pièce a d'ailleurs failli s'appeler Dispute avec un sourd. Les désaccords entre les deux parties sont soit des coupures franches de paroles, soit des déformations plus douces ou plus progressives. La forme est donc un peu chaotique mais pas comme si deux sourds tentaient de parler alors qu'ils ne savent pas ce que l'autre dit ni quand il parle, plutôt comme deux personnes qui ne s'entendent pas et feraient la sourde oreille jusqu'à la violence ou l'ironie.
Le piano utilise souvent l'humour et c'est souvent lui qui provoque la mésentente. Il ne joue pas du tout dans le style de Beethoven, il emprunte même différents types de langage, parfois modal avec une petite couleur jazz, parfois tonal et lyrique mais improvisé et non mesuré et parfois atonal et presque bruitiste pour détourner ce que "dit" la symphonie. L'oeuvre de Beethoven utilise beaucoup les quartes et les quintes, le piano va les empiler pour former des accords complexe que le compositeur n'a jamais connu. Elle fait un passage léger et entraînant, le piano va le rendre mélancolique. Dès qu'elle "tape comme un sourd", le piano va se moquer d'elle en la pastichant, etc...

Cette pièce n'est pas tout à fait aboutie. Je ne sais pas si je la rejouerai un jour, mais, si tel est le cas, je la remanierai un peu. Les ruptures brutales sont voulues et donnent à la pièce tout son sens, mais le rythme général est parfois un peu trop haletant et la pièce semble un peu courte pour ce qu'elle contient. C'est tout le problème de ma peur des longueurs et de mon désir de me renouveler sans cesse. Mais ici on prends à peine connaissance d'un nouveau passage qu'il est déjà fini, c'est trop rapide, trop court. Il faudrait que je réfléchisse à quelques rallongements, peut-être grâce a des variations. Il pourrait aussi y avoir une ou deux parties supplémentaires avant la fin...

C'est à voir...

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