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Pensées chroniques

22 novembre 2011

Génération

Il y a quelques jours, sur facebook, une amie postait le morceau "Declare independance" de Björk.
Des sons saturés, un rythme très marqué, des paroles simples et hurlées.
Un morceau révolté, violent, emporté, enlevé, rebelle, spontané.

Et nous ?

Un peu par hasard je retombe sur Solution de Saez. Je fais le lien avec le premier morceau, tempo enlevé sans être rapide, sons très saturés, texte rapide et un peu à l'emporte pièce bien que plus plus détaillé que celui de Björk.
Ce morceau est paru 2002.
10 ans.
Il devrait se passer des choses en 10 ans non ?

Le texte est toujours autant d'actualité.
Je ne me sens pas changé non plus.
J'écoutais ça au lycée, certains espéraient des solutions, d'autres non.
Rien n'a bougé, tant à l'échelle sociale et politique générale qu'à mon échelle personnelle.

On a beau être insastisfait la plupart du temps, on ne se révolte pas, on le dit tout bas, parfois avec virulence et conviction, puis "on fait avec".
Aujourd'hui une étudiante l'a dit en cours : "On fait avec"
Elle s'est reprise "Oui, enfin il faudrait pas, il faudrait que ça change bien sûr" comme si elle s'excusait d'un lapsus.
Ce lapsus est inquiétant.

Je suis comme elle.
Je pense et j'agis comme elle.
Et je suis inquiet moi-même.

Les temps sont à la conservation, à la restitution, à la sacralisation.
Les temps ne sont pas au bouleversement, on ne va pas de l'avant, on enfonce plutôt le clou.
Ceci pour les monuments historiques, comme pour les courants artistiques, les partis politiques, les systèmes économiques, la V° république, les pianistes de légende, la baguette à l'ancienne ou la piperade authentique.

On ne cesse de répéter que pour aller de l'avant il faut savoir d'où l'on vient, j'ai plutôt le sentiment que plus l'on sait d'où l'on vient, plus on y reste.
Au XVIII° et au XIX° siècle on n'hésitait pas une seconde a raser de "vieux bâtiments" pour en construire de nouveaux, à balayer les anciens compositeurs pour faire du neuf, à changer de régime politique et à innover dans beaucoup de domaines et ainsi de suite jusqu'au années 1950.
Ensuite, je me demande...
Il y a 1968 qui a changé de nombreux points, oui c'est indéniable, mais depuis ?
Alors qu'on a l'impression que "aujourd'hui tout va plus vite" quels changements radicaux ont eu lieux depuis 40 ans en France, en Europe, dans le monde occidental ?

Je me trompe peut-être, mais je ne vois qu'une lente et méticuleuse décrépitude.
Un homme qui s'enfonce dans la boue, tout doucement. Et c'est tout juste s'il s'en rends compte au moment où ses bras, pris dans les sables mouvants, ne parviennent plus à bouger.

Ma bouche et mon cerveau fonctionnent bien, mais mes bras ne bougent pas.
Je "fais avec".
Je mène ma vie tant bien que mal, je n'essaie pas de réussir, je tente juste de "m'en sortir".
J'ai revu mes ambitions à la baisse.
J'ai fais des compromis avec mes rêves.

Il paraît que nous sommes la première génération à vivre "moins bien" que nos parents.

Malgré ce genre de constatation, malgré les crises, malgré les analyses que chacun fait de l'individualisme on n'ose même pas réver, ou juste évoquer, un quelconque soulèvement. Chacun essaie de s'en sortir de son côté, chacun essaie de garantir sa propre issue pour lui-même, sa famille s'il en possède une, éventuellement quelques rares amis. On ne sait pas se rassembler plus massivement que ça. On ne sait pas être avec les autres. Nos parents (pas les soixante-huitards, la génération venant juste après, ayant eu 20 ans vers 1980/85) nous ont appris à cultiver une certaine indépendance de l'autre, une individualité propre et souveraine sur nos agissements, nos pensées.
Au final, nous sommes tous seuls.
Moi, je ne sais même pas dire à mes amis que je les aime, ils doivent le deviner.

J'ai beau dire et penser tout ça, me le figurer clairement j'en fais quoi ?
Je suis toujours étudiant, plutôt dans le profil devenu courant du "chômeur sur-diplomé".
Comme beaucoup de mon âge j'ai également une situation sentimentale sans queue ni tête.
J'ai juste l'envie de trouver un poste comme prof de guitare, pour enseigner la musique, dans un coin, sagement, et profiter de mes week-end et de mes vacances pour voyager un peu, faire des concerts, composer, dans mon coin avec le petit cercle de gens que j'aime.
Je pourrais avoir honte, mais non. Bizarrement.
Peut-être que la honte n'intervient que quand on a le sentiment de pouvoir agir autrement.

Le seul acte violent, de rebellion ou du moins de volonté de changement que je peux manifester est dans l'interprétation instrumentale ou chantée, voire la composition ou l'écriture si un jour j'arrive à me remettre à écrire des paroles en français.
Là je veux du mouvement, de l'extrème, là je peux le faire...
Là uniquement.
Et à défaut d'arriver à écrire moi-même, je ne fais que restituer les chansons d'avant et ainsi contribuer moi-même à la glorification du passé et au statisme actuel.

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3 septembre 2011

Créer.

Imaginer, construire, créer...

Petit je voulais être architecte. Je dessinais des plans de maisons.
Je jouais beaucoup aux Lego, je construisais des mondes, des machines, j'inventais des histoires.
(J'ai arrété très tard, vers 15 ans, pas pour la première copine, pour la musique)
Je me souviens de longues récréations à l'école primaire où je marchais tout seul ; je faisais le tour de la cour en me racontant des histoires, improvisant sur ce que je voyais, décors, objets, autres enfants...
(J'avais des amis, mais j'avais des problèmes avec eux, je les trouvais un peu bêtes, méchants ou rustres, pour eux j'étais trop douillet, un peu "comme une fille" je n'avais pas d'humour gras, je pleurnichais parfois... J'avais quand même un ami qui m'étais très cher, il était un peu comme moi)
J'ai voulu être "inventeur" pour transformer les noisettes en or (Schtroumpfs) ou pour faire une machine à voyager dans le temps (Retour vers le futur)
A la plage, en plus de voitures de taille presque réelle et autres circuits de billes, j'érigeais des barrages pour repousser la marée et ne pas mouiller les serviettes !

_été  _été3
Ce ne sont pas des photos d'archives, elles datent de la semaine dernière. Rien ne se perd. Vous remarquerez la technique du barrage à deux niveaux qui emprisonne les vagues les plus pugnaces et qui nous a fait gagner un bon mètre cinquante devant les autres !

La musique a son parcours aussi.
Pour une raison inconnue, petit, j'ai voulu jouer du "tambour" alors qu'il n'y avait aucune percussion chez moi.
J'ai commencé la batterie à 6 ans.
Mon père avait des guitares, il en jouait souvent, j'ai vite eu l'envie d'apprendre.
Les leçons n'ont pas duré très longtemps, il a du m'enseigner les deux ou trois premiers accords, puis je me suis enfermé pour continuer avec des petits song-book* de variétés. Il avait trois guitares acoustiques et elles s'étaient positionnées en échelons pour moi, de la plus facile à la plus difficile à jouer. Evidemment je rêvais de pouvoir jouer sur la dernière, en plus je la trouvais plus jolie que les autres.
Le piano est venu entre-temps. J'ai eu un petit clavier pour un noël ou un anniversaire, avec des mini-touches pour les enfants. Je jouais seul, méthode song-book, je refusais de prendre des cours parce que je ne voulais pas que ça ressemble à l'école. J'en ai finalement pris pendant deux ans vers 16 ans.

Aujourd'hui je ne fais plus que ça. Je m'enferme pour y travailler ou pour m'y détendre.
Quand je vais bien je compose, quand je vais mal j'interprète.
Quand je suis occupé à des tâches bassement matérielles, j'écoute.
Pas le matin, c'est le moment du silence.
J'aimerais prendre le temps de ne rien faire, de "matter des séries pour me vider le cerveau".
Hélas, je crois que je suis dépendant de la création.
Je préfère même créer que finir, et ça vaut beaucoup pour toute cette musique inachevée, ces reprises parfois douteuses que j'ai pu proposer ici ou ailleurs.
Créer c'est se réaliser, j'ai besoin de le faire sans cesse, je dois avoir besoin de me rassurer sur mon existence. "Je créé donc je suis", quelque chose comme ça.
Je le vois d'autant plus que j'aime toucher à un peu tous les domaines artistiques. Sans grand succès cependant, mais je pense que l'intention artistique fait la personnalité. Une photo prise à la va-vite est impersonnelle, (comme les précédentes) mais dès qu'il y a un choix de cadrage il y a la conscience de quelqu'un, donc sa personnalité. Donc, ce quelqu'un, il existe.

Peut-être est-ce lié à mon angoisse de la solitude car, proposer ses réalisations aux autres c'est, en quelque sorte, valider son existence auprès du monde extérieur. Et je pense que j'en ai également un grand besoin.
Facebook en fait parti, ce blog et ces mots aussi, sinon je tiendrais un journal intime.
L'introversion dont je fais naturellement preuve et dont la musique est la complice (je ne peux pas dire si elle en est le fruit ou la source) semble me trahir malgré moi quand, par rejet, par cette angoisse de la solitude qui lui est contraire, elle se transforme en une certaine arrogance. Il n'y a qu'un pas entre constater son existence et la revendiquer, hélas, il est beaucoup plus difficile de se créer soi-même que de créer des mélodies, des histoires, des machines à voyager dans le temps ou des maisons.



*les song-book regroupent musique et paroles, les miens étaient sans partitions, avec simplement des accords écrits au-dessus des paroles. Il y avait le plus souvent un index avec des schémas de tous les accords pour la guitare et le piano.

24 août 2011

Le goût du voyage.

Le goût du voyage, du changement. Le goût du départ, de la fuite peut-être.
Plus simplement, le goût de l'expérience, se délecter, endurer.
Vivre, mais vivre avec intensité, ne pas se contenter d'exister simplement.

Quelques extraits du roman de Kerouac "Sur la Route" que je lis en ce moment, un roman autobiographique se déroulant aux Etats-Unis, entre 1947 et 1950.
Les notes sont celles du traducteur. (Traduit par Jacques Houbard, Gallimard, collection Folio, 1960)


"Il y avait par là de gros camions qui grondaient, mugissaient ; au bout de deux minutes, l'un d'entre eux serra les freins pour me cueillir. Je lui courus après, l'âme au septième ciel. Et quel chauffeur ! Un grand, gros, terrible chauffeur de camion, avec des yeux saillants et une voix rauque et râpeuse, qui ne faisait que rouspéter à tout propos ; il mit son engin en marche sans guère m'accorder d'attention. Comme ça je pouvais délasser un peu mon âme épuisée, car c'est un des maux les plus redoutables de l'auto-stop que de devoir converser avec des gens innombrables, leur faire sentir qu'ils ne se sont pas trompés en vous cueillant, quasiment même les amuser, toutes choses qui demandent un grand effort quand vous vous taper un voyage sans jamais descendre à l'hôtel. Le type se contentait de gueuler dans le grondement du moteur et tout ce que j'avais à faire c'était gueuler de mon côté, puis nous nous reposions. [...] Juste au moment où nous entrions dans Iowa City, il aperçut un autre camion qui venait derrière nous et, comme il devait bifurquer à Iowa, il fit papilloter ses feux arrières à l'intention de l'autre gars et ralentit pour me laisser sauter, ce que je fis sans oublier mon sac, tandis que l'autre camion, acceptant cet échange, s'arrêtait pour me prendre ; et une fois de plus, en moins de rien, je me trouvais dans une cabine large et haute, paré pour faire des centaines de milles à travers la nuit, et comme j'étais heureux ! Le nouveau chauffeur était aussi fou que le précédent et poussait des rugissements comparables, et tout ce que j'avais à faire c'était de me caler les reins et de me laisser rouler."


"Après l'opéra, des masses de jeunes filles vinrent s'entasser dans notre local. On saisit les filles et on les fit danser. Il n'y avait pas de musique, uniquement de la danse. Le local était plein à craquer. Des gens se mirent à ramener des bouteilles. La nuit devenait de plus en plus frénétique. [...] Les gosses de la chorale firent leur entrée. Ils se mirent à chanter "Douce Adeline". Ils phrasaient aussi des paroles telles que "passe-moi une bière" et "qu'est-ce que t'attends espèce d'ahuri ?". Les filles étaient terribles. Elles sortaient dans l'arrière cour et on se pelotait. Il y avait des lits dans les autres pièces, celles qu'on avait pas nettoyées ; j'avais une fille assise sur un de ceux-là et je discutais avec elle, quand soudain il y eut une grande ruée de jeunes ouvreurs de l'opéra qui tout bonnement attrapaient les filles et les bécotaient sans soucis des préliminaires. Des gamins bourrés, échevelés, en rut... Ils coulèrent notre soirée. En l'espace de cinq minutes, toutes les filles seules s'étaient taillées et un bordel géant du style "fraternité"* se mit en branle à coups de bouteilles de bières et de vociférations. Ray, Tim et moi, on décida de courir les bars."
*Amicale d'étudiants.



"Ce qu'il me fallait, ce qu'il fallait aussi à Terry, c'était prendre un verre ; on acheta donc un litre de porto de Californie pour trente-cinq cents et on alla le boire près de la gare. On trouva un endroit où les clochards avaient amené des cageots pour s'installer autour d'un feu. On s'assit là et on bu le vin [sic]. Il y avait à notre gauche les wagons de marchandises, tristes, d'un rouge fuligineux sous la lune ; juste devant, les lumières et les pylônes de l'aéroport de Bakersfield même ; à notre droite, un colossal entrepôt Quonset en aluminium. Ah, c'était une belle nuit, une nuit chaude, une nuit à boire du vin, une nuit lunaire et une nuit à serrer sa môme de près, à parler, à l'enfiler et à voir le septième ciel. C'est ce qu'on fit. Elle but comme une petite folle, au coude à coude avec moi d'abord, puis davantage et elle continua à parler jusqu'à minuit. On ne décrocha pas une seconde de ces cageots. De temps à autre, passaient des cloches, des matronnes mexicaines avec des gosses, mais la plupart du temps nous étions seuls et confondions nos âmes tant et plus au point qu'il était terriblement dur de partir."



"Cette nuit-là, à Harrisburgh, il me fallut dormir sur un banc de la gare ; à l'aube, les employés me jetèrent dehors. N'est-il pas vrai qu'au départ de la vie on est un petit enfant sage qui croit à tout ce qui se présente sous le toit paternel ? Puis vient le jour laodicéen où l'on sait qu'on est pauvre et misérable et malheureux et aveugle et nu, et, avec le visage macabre et désolé d'un spectre, on traverse en frissonnant une vie de cauchemard. Hagard, je sortis tout trébuchant de la gare ; j'avais laché les rênes. Tout ce qui m'était perceptible, ce matin-là, c'était une blancheur semblable à la blancheur de la tombe. Je mourrais de faim. Tout ce qui me restait en guise de calories, c'était les dernières des pilules pour la toux que j'avais achetées à Shelton, au Nebraska, des mois auparavant ; je les suçais donc pour récupérer le sucre."



"Quelque chose, quelqu'un, quelque esprit devait poursuivre chacun de nous à travers le désert de la vie et il devait de toute nécessité nous saisir avant que nous atteignions le paradis. Naturellement, maintenant que je reviens sur cette énigme, il s'agit simplement de la mort : la mort nous rejoindra avant le paradis. La seule chose à laquelle nous languissons durant notre existance, qui nous fait soupirer et gémir et souffrir toutes sortes de doucereuses nausées, c'est le souvenir de quelque félicité perdue que l'on a sans doute éprouvée dans le sein maternel et qui ne saurait se reproduire (mais nous nous refusons à l'admettre) que dans la mort. Mais qui souhaite mourir ?"



"Quel est ce sentiment qui vous étreint quand vous quittez des gens en bagnole et que vous les voyez rapetisser dans la plaine jusqu'à, finalement, disparaître ? C'est le monde trop vaste qui nous pèse et c'est l'adieu. Pourtant nous allons tête baissée au-devant d'une nouvelle et folle aventure sous le ciel."



"Je compris soudain que Dean, en vertu de la suite innombrable de ses péchés, était en passe de devenir l'Idiot, l'Imbécile, le Saint de la bande.
-Tu n'as absolument aucun égard pour personne sinon pour toi-même et pour tes sacrés plaisirs de cinglé. Tu ne penses à rien d'autre qu'à ce qui pend entre tes jambes et au fric ou à l'amusement que tu peux tirer des gens et puis tu les envoies paître. Sans compter que dans tout ça tu te conduis stupidement. Il ne t'es jamais venu à l'esprit que la vie est chose sérieuse et qu'il y a des gens qui s'efforcent d'en user honnêtement au lieu de glander à longueur de temps.
Voilà ce que Dean était, le GLANDEUR MYSTIQUE."



"Le saxo en chapeau était en train de souffler à l'apogée d'une improvisation merveilleusement réussie en crescendo et decrescendo qui allait du "I-ah!" à un "I-di-li-ah!" encore plus délirant, et qui cuivrait sur le roulement fracassant des tambours aux cicatrices de mégots, que matraquait une grande brute de nègre à cou de taureau qui se foutait de tout sauf de corriger ses caisses d'explosifs, boum, le cliquetis-ti-vlan, boum. Un tumulte de notes et le saxo piqua le "it*" et tout le monde comprit qu'il l'avait piqué. Dean se prenait la tête à deux mains dans la foule et c'était une foule en délire. Ils étaient tous en train d'exciter le saxo à tenir le "it" et à le garder avec des cris et des yeux furibonds et, accroupi, il se relevait de nouveau fléchissait les cuisses avec son instrument, bouclant la boucle d'un cri limpide au-dessus de la mélée. Une négresse de six pieds toute décharnée se mit à rouler ses os devant le saxophone du gars et il se contenta de lui en filer un bon coup, "I! I! I!"
* Cela, la chose : désigne l'espèce de transe que recherchent les musiciens de jazz.

17 juillet 2011

Début d'été

Cet été marque pour moi un retour à la musique, à sa pratique plutôt qu'à son analyse ou à son écoute, ces approches constituant presque les seules voies empruntées durant le dernier semestre.
Cet été a commencé par un morceau, une reprise, comme un cri de libération, après l'achèvement de mon mémoire de master 1. C'est le premier que je réalise depuis longtemps, depuis la petite création en chansons françaises du Kollok d'avril.
 

"You were only waiting for this moment to arise"
(Blackbird - The Beatles)
mp3 
Ce morceau a été fait en très peu de temps, d'où le peu d'instruments et la justesse des voix parfois hasardeuse... Je n'y reviendrais pas, j'aime bien "jeter la musique", composer et enregistrer dans l'urgence, de manière spontanée, ne pas y passer plus de deux heures.

Cet été je me remets donc à jouer, à travailler mon jeu. Je me remets à la guitare avec l'ambition de rentrer au conservatoire en musiques actuelles afin de décrocher un diplôme assez rapidement et de pouvoir prétendre à être professeur de guitare dans une école. Ma vie serait alors partagée entre les cours d'instrument, métier que je connais, que je pratique déjà et que j'aime, et des week-ends et vacances pour composer, voyager, donner ou voir des concerts : pour mener une vie assez libre et que j'espère créative. 

Télé3PartCouleur 

Je suis donc partagé entre du travail purement technique, un peu "bête et méchant", l'étude de quelques morceau rock un peu avancé (King Crimson, Deep Purple, Satriani et Led Zeppelin pour l'instant) et puis la transcription sur la guitare de tout ce que j'ai vu en jazz au conservatoire ces deux dernières années, j'essaye d'agrandir mes possiblités de jeu et d'improvisation.
J'ai ressorti mes vieux numéros de "Guitar Part" et j'écume les rubriques "jazz manouche", "solo" et certaines partitions intégrales de morceaux.

Je compose aussi, le plus possible. Pour Handle With Care dont j'aimerai que l'album soit enfin bouclé avant la rentrée. Les enregistrements, le mixage et le mastering au moins, pour la pochette et la duplication on pourrait voir un peu après. Déjà on pourrait démarcher un minimum en ayant de la musique enregistrée.

Je me suis également remis au travail pour le projet "Delirious and Cie" où je compose des arrangements plutôt electro pour les compositions de Charlie, deux morceaux sont à prévoir pour début août dans des ambiances un peu différentes des deux morceaux déjà existant.

Je compose pour moi également, un peu tout ce qui me passe par la tête, essayant de faire une synthèse musicale de rock, de jazz, d'electro utilisant le sampling, de riffs venant du hard et du métal, de mélodies aériennes, de l'écrit et de l'improvisé, du simple et du tarabiscoté...
Le projet solo s'appelera surement "Backroom",
ou quelque chose comme ça. 

J'anticipe donc un peu cette vie partagée entre cours, création et voyages en composant déjà beaucoup, en prévoyant de préparer des cours "en gros" pendant le mois d'août et en essayant de quitter un peu Bordeaux de temps à autre. Déjà une journée ensoleillée passée à Royan, dans la maison de ma grand-mère où des souvenirs d'enfance sont entassés dans les tiroirs de certains meubles. Par la suite il y aura peut-être une escapade au pays Basque, pourquoi pas Toulouse aussi, pourquoi pas ailleurs...

29 avril 2011

Tocsin

Tocsin6


Pour le dernier Kollok International j'ai voulu proposer une composition un peu originale.
J'ai appliqué le principe du "collage", plutôt propre à la musique contemporaine, qui consiste à assembler plusieurs bout d'oeuvres pré-existante ensemble en les enchaînant ou en les superposant.
J'ai utilisé cette méthode non pas avec des oeuvres connues du répertoire "savant" (ou classique) comme c'est souvent le cas, mais avec de la chanson française et dans le but d'obtenir une nouvelle chanson, et non une pièce vraiment moderne et savante où se croiserait complexité et dissonnances en tout genre.

Le thème du Kollok de ce mois d'avril était la guerre et j'ai donc réunis pour l'occasion les chansons suivantes : 

(Par ordre d'apparition)

Des Armes (Léo Ferré - Noir Désir)
http://www.deezer.com/listen-2179943

Jeunesse lève-toi (Damien Saez)
http://www.deezer.com/listen-3773028

The Partisan (Leonard Cohen)
http://www.deezer.com/listen-614467
(La partie française uniquement) 

Le chant des partisans (Joseph Kessel et Maurice Druon Anna Marly)
http://www.deezer.com/listen-3985589

Sonnez tocsin dans les campagnes (Damien Saez)
http://www.deezer.com/listen-5696499

Rock around the bunker (Serge Gainsbourg)
http://www.deezer.com/listen-922745

Marlène (Noir Désir)
http://www.deezer.com/listen-1090085

J'veux du nucléaire (Damien Saez)
http://youtu.be/pO4KzgeoZcY

La mauvaise réputation (Georges Brassens)
http://www.deezer.com/listen-7538154

Il va sans dire que le texte final est plus un appel aux armes, à la guerre ou à la révolution qu'une chanson pacifiste.
J'ai essayé de suivre la trame du texte de Léo Ferré pour parler d'une guerre ayant les mots et l'intelligence pour armes et non des vraies, mais tout en maintenant l'ambiguité telle qu'elle est présente dans ses mots.

En voici la version de travail :
"Tocsin"

 
mp3

Des armes, des chouettes, des brillantes
Des qu'il faut nettoyer souvent pour le plaisir
Et qu'il faut caresser comme pour le plaisir
L'autre, celui qui fait rêver les communiantes

Comme un éclat de rire
Vient consoler tristesse
Comme un souffle avenir
Viens raviver les braises
Comme un parfum de souffre
Qui fait naître la flamme
Jeunesse lève toi
Jeunesse lève toi

Les Allemands étaient chez moi,
ils me dirent, "Signe toi,"
mais je n'ai pas peur;
j'ai repris mon arme

Et Demain du sang noir
 
Séchera au grand soleil 
Sur les routes. 
Sifflez, compagnons, 
Dans la nuit la Liberté 
Nous écoute...

Des armes bleues comme la terre
Des qu'il faut se garder au chaud au fond de l'âme
Dans les yeux, dans le coeur, dans les bras d'une femme
Qu'on garde au fond de soi comme on garde un mystère
Il y a des pays 
Ou les gens au creux de lits 
Font des rêves;

Au creux des reins 
Faut aiguiser la lame
 
Ici, nous, vois-tu, 
Nous on marche et nous on tue, 
Nous on crève.
 
Puisqu'ici il n'y a qu'au combat qu'on est libre 
De ton triste sommeil, je t'en prie libère-toi !
 
J'ai perdu femme et enfants
mais j'ai tant d'amis;

Jeunesse lève toi !
J'ai la France entière

Des armes au secret des jours
Sous l'herbe, dans le ciel et puis dans l'écriture
des qui vous font rêver très tard dans les lectures
et qui mettent la poésie dans les discours
Sonnez tocsin dans les campagnes, 
allez camarade debout
La jeunesse a tété le sein
 
des dictatures de nos besoins,
Aux armes citoyens des pleurs,
 
quoi te dire d'autre qu'il est l'heure 
de libérer les horizons 
des contingents de nos armées,
devant nous l'avenir enfin, 
pour un meilleur au bout du poing 
et des printemps sous les flocons, 
y'a de l'espoir dans nos chansons.
Ohé! partisans, 
Ouvriers et paysans, 
C'est l'alarme! 
Ce soir l'ennemi 
Connaîtra le prix du sang 
Et des larmes!

Y tombe Des bombes Ça boume Surboum Sublime
Des plombes Qu'ça tombe Un monde Immonde S'abîme

Oh Marlène,
 c'est la haine
Qui nous a amené là

Infâme Napalm Les flammes Surplombent L'abîme
Mais Marlène dans tes veines
Coulait l'amour des soldats

Goddam Tout crame Tout tremble Et tombe En ruine

Sous les ruines d’un monde
On se souvient Massoud
Et les rêves de liberté, d’amour et de paix
En écoutant pas le clairon qui sonne

Des armes, des armes, des armes
Et des poètes de service à la gâchette
N'entends-tu pas ce soir chanter le chant des morts ?
A la mémoire de ceux qui sont tombés pour toi
Jeunesse lève toi
 Pour mettre le feu aux dernières cigarettes
Au bout d'un vers français... brillant comme une larme

 


Les couleurs devraient vous aider à retrouver les chansons et leurs auteurs. 

Et voici la version "live" du Kollok, avec quelques erreurs dans la justesse, les textes et la guitare mais un certain "vivant" que la version de travail ne possède pas...

 
mp3

Tocsin4

Merci à Jean-Baptiste pour ces photos de la soirée!
(Cliquez sur les photos pour les voir en plus grand)

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19 avril 2011

Promenade absurde

Cet après-midi je devais me rendre dans une casse où ma voiture a élu domicile.
Il s'avère qu'elle se situe à Bouliac, "Chemin de la Matte

Inutile de vous dire que, si je dois aller à la casse, c'est que je ne peux pas y aller en voiture.
J'ai donc du me débrouiller avec bus et surtout mes pieds, heureusement, le temps était avec moi.

Comme ça m'est déjà arrivé plusieurs fois, j'ai donc du marcher là où il n'est absolument pas prévu qu'on voyage à pied.

Ma petite randonnée commence joliement, par une rue qu'on trouve rive droite.

(Toutes les photos de l'article peuvent s'agrandir en cliquant dessus)

1 
Cette rue est entièrement "verte", elle fait environ le triple de ce qu'on peut voir sur la photo. Un portique de verdure en marque le début et la fin. 

Le bus 62 m'emmène au centre de Bouliac où j'emprunte le "chemin de l'hermitage" qui démarre tout à côté de l'église où le point de vue sur Bordeaux est agréable.

2

3 
Au bout d'un moment on doit pousser une grille. J'ai tendance à croire que ce sentier a été victime d'une "privatisation sauvage", car rien n'indique qu'il n'est pas public, aucun panneau à l'entrée et il figure sur tous les plans.

Ensuite commence l'absurde, la marche le long des routes départementales qui détiennent pourtant quelques jolies vues.
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Voici l'arrivée, au bord d'une voix rapide, des herbes hautes jusqu'au genoux.
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Et voici l'intérieur de la casse...
casse 

Et le plus drôle est le retour.
Je ne savais pas à quel bout du Chemin de la Matte se situait la casse et, une fois rendu, je ne suis pas rentré par le même chemin, le plus court étant de remonter cette voix rapide jusqu'à franchir la rocade et attendre le bus devant le grand centre commercial Auchan.
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Sur la dernière on distingue la flèche de St Michel... Comme quoi j'approche!

10 
Vous noterez la présence subite de passages piétons alors qu'il n'y rien d'autre que des fossés pour y venir.

 

Un bus après la traversée du grand parking Auchan, et puis "Back Home"

11 
Je ne prends pas le tram pour un arrêt et j'aime bien le vent sur le pont. J'ai donc conclue ma petite promenade par 25min de marche en ville!

Invitez-moi à Mérignac ou à Lormont, je risque de venir à pied!

17 avril 2011

De l'image en musique

part

Composer de la musique pour elle-même c'est un peu "mon pain quotidien", ou presque -en réalité je compose très peu de musique depuis que je suis entré à la fac, autrement dit, je n'en "joue" presque plus depuis que je la "travaille"- disons que "j'évolue" dans de la musique qui n'existe que pour elle-même.
Quand il y a l'image tout est différent, surtout quand il faut composer pour l'image.

Comme souvent, les contraintes sont passionnantes.

Je participe actuellement à un concours de musique de film, le CIMFA, qui se déroule à Annecy, dans le cadre du Festival International du Film d'Animation.

J'ai eu le choix de composer sur un film parmi cinq, principalement sortis de la MAAV, une filière artistique de la fac de Lyon, et tous d'une grande qualité à mes yeux. Mon choix s'est porté sur un film assez sombre, en noir et blanc, le graphisme donne l'impression qu'il est réalisé à la craie blanche sur fond noir.

J'écrivais que les contraintes étaient passionnantes. Si elles le sont c'est parce qu'elles sont sources de créativité dans le défi qu'elles incarnent. Ici les contraintes étaient de plusieurs genres, tout d'abord l'image elle-même à laquelle on doit se plier au niveau de la forme musicale si on veut suivre un peu la narration, ensuite par l'instrumentation imposée pour ce concours. La composition sera pour un quintette à vent (Flûte, hautbois, clarinette, basson et cor d'harmonie) et/ou un percussionniste (batterie, vibraphone...) et/ou une bande électroacoustique. Je voulais écrire pour l'effectif complet mais, par manque de temps, j'ai proposé une composition uniquement instrumentale.
Cet instrumentarium est une première pour moi, je ne suis pas familier des instruments à vent et de nombreuses fois j'aurais aimé les échanger contre un quatuor à cordes ou, pourquoi pas, un groupe de rock, notamment pour une scène de "poursuite" qui m'a causée beaucoup de problème, je n'arrivais pas à penser la célérité sans avoir en tête autre chose que de grands traits de violons à la manière de Vivaldi...

Voici le résultat.
Il est intéressant de regarder le film une première fois en coupant le son, pour ne pas avoir de préjugé, pour imaginer votre propre musique et vous mettre à ma place quand j'ai commencé le travail.
Regardez-le une seconde fois en remettant le son et affirmez votre désaccord!
Une amie qui a vu ce travail alors qu'il était inachevé m'a très justement fait remarquer que, sur la partie où la musique était déjà écrite, mes choix semblaient "aller de soi" et qu'elle aurait fait "la même chose". En revanche, quand je regardais la suite, là où je n'avais encore rien composé, on s'est tout de suite rendu compte de la subjectivité des directions à prendre et, qu'en réalité, rien n'allait de soi même pour des situations "simples".


(Pour des raisons de droit, merci de ne pas la télécharger, de ne pas la partager sur Facebook etc...)

Désolé pour la qualité des sons, il ne s'agit évidemment pas d'un vrai quintette enregistré, mais d'un logiciel qui le simule.

Le film s'ouvre avec le thème de l'obscurité, un thème sombre, chromatique et descendant. Le cor s'en échappe avec le mouvement vertical de l'image et la flûte, incarnant la légèreté et la lumière, chante légèrement en suivant.
S'en suit un petit mouvement hésitant caractérisé par un accord dissonant entre le vibraphone et les vents puis le thème joyeux et entraînant de l'ascencion commence.
Une fois la lumière accrochée, le thème s'achève, le cor lance un nouveau chant de satisfaction.
Le vibraphone joue le motif de l'espièglerie du personnage fin, qui est aussitôt contré par le basson quand l'autre personnage sort son tromblon, le vibraphone s'en va alors, penaud.
Le thème de la lumière débute alors, riche en accords majeur, lent, à 3 temps, la flûte est l'instrument mélodique principal. Il est interrompu par la nouvelle arrivée du personnage fin.
On retrouve alors le motif de l'espièglerie, majeur et impertinent, mélé à un basson, jouant en mineur et dans le grave afin de créer deux plans sonores bien distinct.
Les bois illustrent simplement la chute de la "boule" puis c'est le thème de la poursuite qui commence. Il est joué prestissimo et accelerando, les tonalités s'enchainent par tierces ascendantes, une grosse caisse marque tous les temps et le basson et le corps marquent les harmonies, flûte et hautbois incarnent la boule dévalant la pente par des notes rapides descendantes et la clarinette figure l'empressement et l'urgence par des traits rapides ascendants.
La flûte et le hautbois s'envolent avec la boule puis tous les bois accompagnent son vol.
La lumière perdue, on retrouve le thème de l'obscurité mais, dès qu'on voit la boule à l'image, la flûte joue des traits tout à fait majeurs, suivant les mouvements verticaux de cette dernière.
Quand la lumière reparaît, le thème de l'obscurité module vers le thème de la lumière joué au complet cette fois, avec une variation où le cor devient l'instrument mélodique principal.
Fin. 

C'est la seconde fois que je compose de la musique pour un film. La première fois était également pour un concours qui avait eu lieu au cinéma Jean Eustache de Pessac, j'y avais proposé deux compositions pour piano et musique électroacoustique.

Je crois que j'aime beaucoup écrire pour l'image. 

Le résultat de la présélection devrait arriver dans la semaine. 10 compositeurs seront retenus pour la finale et la musique sera donnée sous l'écran, avec de vrais musiciens, le 11 juin, à Annecy.

28 janvier 2011

La surdité

kollok

Dialogue pour un sourd

 

Hier soir, jeudi 27 janvier 2011, a eu lieu la deuxième édition du "Kollok international", au Café des Moines.
Le thème de la soirée était la surdité et c'est pour cette occasion que j'ai composé Dialogue pour un sourd.

Le surdité m'évoque différentes choses.
Tout d'abord la peur et l'enfermement, ne plus pouvoir écouter ou faire de la musique.
Ensuite je pense à Beethoven... Classique.
La surdité m'évoque aussi les "dialogues de sourds", les quiproquos ou l'incompréhension de manière plus générale et c'est ceci le vrai sujet de la pièce.

Beethoven n'y est qu'un prétexte amusant, une mise en abyme un peu facile (je ne me doutais pas qu'il deviendrait, sans concertation, le fil conducteur de la soirée... Les musiciens seraient-ils peu audacieux et prévisibles?). La IX° symphonie, composée quand il était vraiment sourd, n'est qu'une base sonore, j'aurais pu partir de n'importe quel autre compositeur en réalité.

La surdité, dans cette pièce, intervient à plusieurs niveaux. Tout d'abord par le traitement de la symphonie en elle-même qui découpe l'oeuvre en petit bouts, la passe à l'envers ou la sature comme une guitare électrique et j'en passe, détruisant ainsi un des plus "grand chef d'oeuvre de la musique classique" (je dis ça avec une certaine ironie, j'aime particulièrement cette oeuvre mais j'estime que rien n'est intouchable ou sacré). Ce traitement peut être perçu comme étant le fait de quelqu'un d'insensible, d'insensé, de sourd à la musique de Beethoven. Elle peut aussi être vue comme si l'on donnait une perception totalement biaisée de la symphonie, comme si c'était l'auditeur lui-même qui était sourd.

La surdité c'est ensuite le dialogue entre la partie électroacoustique et le piano qui tentent d'aller ensemble sans jamais y arriver, et ceci jusqu'à l'énervement. La pièce a d'ailleurs failli s'appeler Dispute avec un sourd. Les désaccords entre les deux parties sont soit des coupures franches de paroles, soit des déformations plus douces ou plus progressives. La forme est donc un peu chaotique mais pas comme si deux sourds tentaient de parler alors qu'ils ne savent pas ce que l'autre dit ni quand il parle, plutôt comme deux personnes qui ne s'entendent pas et feraient la sourde oreille jusqu'à la violence ou l'ironie.
Le piano utilise souvent l'humour et c'est souvent lui qui provoque la mésentente. Il ne joue pas du tout dans le style de Beethoven, il emprunte même différents types de langage, parfois modal avec une petite couleur jazz, parfois tonal et lyrique mais improvisé et non mesuré et parfois atonal et presque bruitiste pour détourner ce que "dit" la symphonie. L'oeuvre de Beethoven utilise beaucoup les quartes et les quintes, le piano va les empiler pour former des accords complexe que le compositeur n'a jamais connu. Elle fait un passage léger et entraînant, le piano va le rendre mélancolique. Dès qu'elle "tape comme un sourd", le piano va se moquer d'elle en la pastichant, etc...

Cette pièce n'est pas tout à fait aboutie. Je ne sais pas si je la rejouerai un jour, mais, si tel est le cas, je la remanierai un peu. Les ruptures brutales sont voulues et donnent à la pièce tout son sens, mais le rythme général est parfois un peu trop haletant et la pièce semble un peu courte pour ce qu'elle contient. C'est tout le problème de ma peur des longueurs et de mon désir de me renouveler sans cesse. Mais ici on prends à peine connaissance d'un nouveau passage qu'il est déjà fini, c'est trop rapide, trop court. Il faudrait que je réfléchisse à quelques rallongements, peut-être grâce a des variations. Il pourrait aussi y avoir une ou deux parties supplémentaires avant la fin...

C'est à voir...

10 janvier 2011

Dissertation inopinée

Improvisation libre sur un thème universitaire
ou
Comment faire une dissertation à partir de rien
 

Dissert

Ce matin a eu lieu mon dernier partiel du premier semestre. 
(NDR C'était aussi le premier)

Après un triptyque de cours durant les trois derniers mois où on été abordées les relations entre les arts, on nous propose trois sujets de dissertations au choix. L'examen dure 4 heures.

Etant particulièrement occupé à trouver un sujet de mémoire pour la fin de l'année, je n'ai révisé qu'hier après-midi et soir et j'ai volontairement décidé d'occulter le cours "peinture et cinéma" pour me concentrer sur tout ce qui concernait la peinture et la musique. Je me suis que j'avais 2 chances sur 3 qu'un sujet l'évoque pleinement ce rapport. J'ai quand même lu et regardé quelques petites choses sur musique et cinéma au cas où.

Cela fait parti des calculs estudiantins pour optimiser les révisions quand on a peu de temps.
En général, ils fonctionnent très mal.

Voici les trois sujets aux choix:

1. Le cinéma nous apprend-il quelque chose sur la peinture, et réciproquement?

2. Polyvalence et synesthésie dans la création pluridisciplinaire

3. Y a-t'il des arts plus "artistiques" que d'autres? 

Bingo, il n'y a rien de vraiment consacré à "musique et peinture".
Intense jubilation.
Les sujets 2 et 3 nécessitant des exemples musicaux, j'ai opté pour le premier.

J'ai tout de même hésité pendant plus de 30min pour choisir le sujet, mais c'est sans doute avec le premier que je m'en sortirai le mieux.

J'ai quand même un peu peur, 
disserter sur peinture et cinéma alors que je suis en musique est un peu trivial.

Je réfléchi pendant une heure sur mon brouillon, j'écris des idées dans n'importe quel ordre. Je suis content d'être bien entraîné au brainstorming individuel grâce à mes recherches vaines de sujet de mémoire, je fais de belles flèches. 

Au final, voici en résumé ce que j'ai "pondu".
J'ai peur d'être complètement à côté vu que les cours se concentraient beaucoup sur la peinture filmée par le cinéma et non sur quelque chose de beaucoup plus général entre la peinture et le cinéma comme le laisse entendre le sujet.
J'estime donc avoir entre 2/20 et 14/20.
Environ.

Introduction

Cinéma et peinture sont tous deux des arts picturaux mais dans leur essence, le temps ou la temporalité, semble les séparer définitivement. Ainsi c'est selon cet axe que nous allons développer ce qu'est le cinéma pour la peinture et réciproquement. Tout d'abord en parlant du cadre qui prends des valeurs tout à fait différentes, puis du geste artistique et finalement une dernière division d'ordre sensible et sémantique.

I Notion de cadre en peinture et au cinéma.

Au cinéma, le cadre, défini par les bords de l'écran, suggère un hors cadre qu'on aperçoit au premier mouvement de caméra ou au premier montage de deux angles différents par exemple. Il est alors devenu essentiel de définir un "champ" (là où se trouve le cadre, et le hors-cadre) et un hors-champ (là où se trouve ce qui ne sera jamais filmé, l'équipe technique par exemple). Cette définition du cadre ne peut pas s'appliquer à la peinture car l'image est fixe, il y a juste un hors cadre qu'on peut imaginer, ou non, mais qu'on ne connaîtra jamais et qui n'existe peut-être pas.
Pourtant il y a bien du mouvement dans la peinture, mais il est le fruit de la composition-même du tableau et c'est notamment grâce au cadre immobile que cette composition prends forme et que l'oeil fait un mouvement et instaure une autre temporalité pour regarder le tableau.

II Geste : mouvement et trait.

Justement, il existe bien un mouvement dans la composition de la peinture, le mouvement du peintre lui-même. Ce geste que l'oeil va retrouver et que le cinéma à filmé, donnant ainsi une réelle durée dans la peinture. Il ne faut alors plus comprendre composition comme "agencement" mais au sens plus large de "réalisation". Mais ne s'approche-t'on pas de la performance? Les nues bleus de Klein sont des oeuvres d'art mais parle-t-on du tableau, le résultat, ou du moment où ces femmes se sont enduites de bleu et se sont couchées sur la toile?
Le geste caractérise essentiellement le travail de l'artiste peintre, c'est son trait personnel qui fait que l'oeuvre est oeuvre, mais qu'en est-il au cinéma où ce sont des dizaines de personnes qui travaillent en même temps? Où est le trait? Les acteurs? les costumes? les dialogues? les cadreurs? Pourtant il existe bien une personnalité artistique du cinéaste et on ne confond jamais un Woody Allen avec un Tarantino, même s'ils emploieraient la même équipe technique et les mêmes acteurs. C'est peut-être que le réalisateur n'est pas un peintre mais plutôt un chef d'orchestre ou un compositeur qui ne peut réaliser son oeuvre qu'avec l'aide d'autres personnes.

III Réception : sensibilité et polysémie.

Si le cinéma est, historiquement, un art de l'image avant d'être un art du son, dès 1927 le cinéma devient sonore et on ne peut plus le concevoir sans cette dimension. On remarque alors que la peinture n'est "que" peinture tandis que le cinéma, parce que c'est un art qui s'inscrit aussi dans la durée, est l'image "et" le son. Il est le théâtre "et" la peinture "et" la musique. Le cinéma saisi alors tous nos sens et rends les émotions plus vives et plus intense qu'un tableau. Il y a cependant 2 écueils à cette réunion de modes d'expressions.
Le premier c'est que les genres réunis, si on les isolait, ne seraient pas satisfaisant (Qu'est-ce que du théâtre sans scène ni public? La musique de film n'est jamais très riches d'harmonies ou de contrepoints ingénieux non plus) et pour parler peinture, il n'y a aucune "matière" dans l'image projetée alors que les peintres peuvent choisir différents types de peintures ou de matériaux pour créer l'image. De quoi dispose le cinéma pour égaler la matière picturale? De la colorimétrie, de l'éclairage et du bruit sur la pellicule ce qui fait peu de chose. Le second problème, mais qui peut être une force, c'est que le cinéma, parce qu'il est multimédia, resserre le champ imaginaire du spectateur. Un tableau peut nous évoquer des sentiments contraire car l'image seule est extrêmement polysémique, en revanche lorsque les 3 messages (texte, image et son/musique) se superposent, il est difficile d'imaginer des choses différentes. Ainsi on peut dire que la peinture sollicite et nourri l'imaginaire, alors que le cinéma guide la pensée.

Conclusion.

En explorant les limites entre peinture et cinéma on peut définir un art en fonction de l'autre et il apparaît encore plus clairement que c'est bien la temporalité qui les sépare. Il serait alors intéressant de chercher une forme d'expression qui vise à réunir peinture et cinéma en exploitant cette limite. Les projections lumineuses de Wilfred vont sans doute dans ce sens.




Ma copie faisait un peu plus de six pages.
Comme on dit familièrement : Je suis parti en live.
Mais ça m'amuse beaucoup parce que c'est un peu fou de faire ça pour un examen de master et puis finalement je ne suis pas non plus mécontent de ce que j'ai trouvé et écrit ce matin.
J'espère que le correcteur sera du même avis, il n'y a aucune référence aux cours. 
Wait and see. 

24 décembre 2010

Xmas time

Une amie me disait qu'elle se sentait obligée de changer de tête quand sa vie sentimentale chavirait...

coupenoel2

J'ai fait de même.
Ma vie sentimentale avec moi-même ayant besoin d'un peu de nouveau, de fraîcheur, de cette folie dont les relations ont besoin pour se réinventer chaque jour, je suis allé dans un salon de coiffure...
Hum, bref.

 Un peu de jazz, "But not for me" par Chet Baker, une chanson de George Gershwin que le trompettiste interprète avec sa voix très douce et un solo simple mais très musical. J'aime beaucoup le changement rythmique au retour du thème.
George Gershwin devait être au centre de mon sujet de mémoire pour mon master recherche. Je devais étudier sa vision du jazz au travers d'une analyse méticuleuse de la Rhapsodie in blue et d'un "panorama" de la musique à New York dans les années 20... jusqu'au moment où je suis tombé sur un ouvrage qui faisait quasiment la même chose.
Retour à zéro.

Ou presque

Je continue à lire des ouvrages sur l'histoire et l'esthétique jazz. Je me dit que je pourrais prendre mon sujet à l'envers et trouver une problématique sur la musique à New York dans les années 20 et que Gershwin n'en serait qu'un élément...

Mais ce sont les vacances. Je devrais écouter Chet Baker sans penser à rien d'autre qu'à mon plaisir et à celui de ma famille que je retrouve pour les fêtes.
 sapin

(Sapin 2010, détail oblique)

Il a même un peu neigé hier soir. Je devrais me réjouir tout comme ma mère s'extasiait à chaque fois qu'elle allumait la lumière du jardin pour voir les flocons. L'interrupteur était alors devenu un "bouton à neige". Elle nous a fait beaucoup rire.
J'arrive à prendre du plaisir et je suis heureux d'être ici en cette période, mais ça ne fait pas tout.

Je n'ai pas apporté mon piano chez mes parents, je ne suis pas allé au magasin de musique de la rue piétonne de Langon, située une rue derrière pourtant, et je n'ai pas allumé le clavier présent dans mon ancienne chambre. Je ne joue pas et je n'en ai pas très envie. Je suis un peu amer.
Il existe un débat sans fin chez les musiciens, opposant technique et musicalité. Tout le monde conviendra que c'est la musicalité qui compte, mais, quand il faut prendre des exemples, les avis divergent. Coltrane ne fait-il que des suites de notes les plus rapides possible? Oasis ne savaient-ils jouer que 3 accords et n'ont-ils pas sorti 7 fois le même album?
Ceux qui me connaissent savent bien que ces questions, extrêmes allant jusqu'à la bêtise, ne reflètent absolument pas mes idées sur ce saxophoniste hard-bop ou ce groupe de brit-pop, et ce n'est pas exactement mon sujet.
Je découvre, sans cesse, que l'expression me manque au piano. J'observe quelques lacunes technique car mes doigts n'ont jamais vraiment été éduqués au clavier mais je progresse. Pourtant, si l'expression ne peut exister sans une technique minimale. Je pense, avec humilité j'espère, avoir déjà passé le stade d'une technique permettant une expression rudimentaire mais musicale. Hélas, si la musique n'est pas faîte de mots, je regrette que les phrases que j'improvise au piano n'aient pas de sens.
Lorsque je joue quelque chose d'écrit, une valse de Chopin ou une chanson, la musicalité ne me fait pas trop défaut mais, dès qu'il s'agit d'improviser, j'en fait le deuil : il n'y a plus de "son".
Alors je travaille, d'arrache-pied, même si cette pensée me rends mélancolique et me décourage sensiblement. Je remets les mains sur le piano, parce que j'aime cet instrument et parce que j'aime le jazz. Mais les doigts continuent de jouer "n'importe quoi", ce qui tombe sous les phalanges, au hasard, jusqu'à ne plus rien donner, jusqu'à ce que le rythme se brise et que la musique s'arrête. Mes mains se resserrent doucement en deux poings enfonçant légèrement deux paquets de touches blanches. Je regarde ma main droite, ma chevalière toujours en bagarre : j
e ne suis pas énervé, juste un peu triste.

Je lorgne alors sur une de mes guitares. Je l'empoigne et commence à improviser, sur le même thème. Les phrases musicales volent en éclats dans tous les sens. Je n'arrive pas à jouer ce que j'ai en tête car je n'ai plus "d'entrainement" sur cet instrument, mais il se passe des choses et il y a du "son".
Je me sens donc prisonnier entre un instrument qui me demande beaucoup de temps pour acquérir de la technique sans arriver à m'exprimer pour autant, et un autre qui m'inspire mais où je n'ai plus la technique nécessaire à rendre mes idées car je n'ai plus le temps d'en jouer régulièrement.
Je pense à arrêter le piano jazz à la fin de l'année scolaire... Je ne sais pas.
Je n'estime pas avoir perdu du temps, bien au contraire, j'ai beaucoup appris. Mais il serait peut-être temps de remettre les choses à leur place.
(J'ai cette dernière phrase en horreur, pourquoi les choses auraient-elles une place?)
On ne peut pas tout faire, je dois m'y résoudre.
(Hélas!)
"Everything in its right place" Radiohead.


Heureusement, il y a les vacances qui me reposent du travail musical, universitaire et également des soirées, ces nuits parfois blanches mais souvent grisantes dont la raison, entre amitié et oublie de soi-même, m'échappe de plus en plus.
Il y a l'album d'Handle With Care qui progresse et les concerts qui vont redémarrer dès janvier me redonnent le sourire.
Et puis il y a ceux que j'appelle "les petits".
Ces jeunes élèves débutant a qui j'enseigne la guitare ou le piano, avec lesquels je prends énormément de plaisir. Je n'aime pas spécialement les enfants, je ne suis pas du genre à m'extasier devant un bébé dans le tram ou parler spontanément à un enfant dans la rue. Mais j'aime enseigner la musique et j'aime voir un enfant ravi de pouvoir en faire.
Les voir partir de rien, leur transmettre des connaissances, une pratique, et entendre la musique naître et les voir heureux, c'est un vrai bonheur.

Joyeux noël à tous.

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