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Pensées chroniques
26 juin 2009

OK Computer - Radiohead

Voici la petite analyse d'OK Computer que j'ai réalisé pour la fac. N'hésitez surtout pas à laisser vos commentaires et vos avis sur cet album, surtout s'ils sont différents du mien!!!

Radiohead_Ok_Computer

OK COMPUTER

(Radiohead)

Parlophone - 1997

OK Computer est un album du groupe Radiohead sorti en 1997, c’est le troisième opus du groupe qui a sorti son septième album en décembre 2007. Leur deuxième album The Bends avait déjà interpellé certains critiques car il créait un certain renouveau dans un rock anglais alors largement dominé par la pop d’Oasis depuis 1994. Les morceaux de Radiohead ne sont pas des chansons simples avec des riffs de guitares basiques et des mélodies évidentes semblant tombées du ciel. Il fallait écouter plusieurs fois The Bends pour en percevoir toutes les finesses et les originalités et il en est de même pour OK Computer, bien que celui-ci ai séduit tout le monde dès la première écoute et que bon nombre de mélomanes n’hésitèrent  pas à le classer directement dans les meilleurs albums du siècle.

Si The Bends était un album beaucoup plus raffiné qu’efficace, la force d’OK Computer est de combler cette carence en proposant une synthèse entre ces deux notions si souvent antinomiques. L’album s’ouvre sur un premier morceau (je n’ose parler de « chanson » tellement la forme en est éloignée) où une guitare saturée double un violoncelle au milieu de bruits divers, la tonalité semble hasardeuse et la mélodie de la guitare est inchantable car très longue et feignant des boucles qui ne sont que des variations. Pourtant elle est très accrocheuse, cela tiens peut-être de l’énergie dans le jeu et de l’inédit d’un tel arrangement. La voix de Thom Yorke apparaît alors. C’est une voix plus mûre mais aussi plus légère et plus éraillée que celles des premiers albums. Une voix qui pourrait tenir d’un chanteur débutant mais qui est d’une justesse et d’une sensibilité toute autre. Le thème de ce morceau intitulé « Airbag » est étrange, les paroles racontent qu’une personne (« I » dans le texte) renait au milieu d’une nouvelle guerre mondiale après avoir été sauvée d’un accident de voiture grâce à un airbag, et, par une explosion interstellaire, elle serait de retour sur Terre pour sauver l’univers… Ces paroles sont très étonnantes, mais Radiohead réussi le pari de faire « sonner » ces mots d’une manière totalement étrangère au ridicule et même les auditeurs les plus hostiles aux mondes artificiels créés par certains styles musicaux ne peuvent s’empêcher de se sentir partir ailleurs, mais on ne sait où, dans une sorte de monde parallèle, ou de futur relevant de la science-fiction.

Le deuxième morceau est l’opposé du premier dans le sens où il s’agit d’un morceau contenant quasiment trois morceaux à lui tout seul, il n’est pas sans rappeler « Bohemian Rhapsody » de Queen ou  « A Day in the life » des Beatles. « Paranoid Android » est un des morceaux les plus connu de Radiohead, pourtant c’est également l’un des plus complexe et où le sens des paroles ne cessent de s’obscurcir : « S’il te plait arrête ce bruit, je voudrais faire une pause. Arrête ces voix de poulets morts-né dans ma tête. Qu’est-ce que tout ceci ? Je suis paranoïaque, mais pas un androïde ». Ces paroles laissent alors place à un passage beaucoup plus rock et enlevé dans une autre tonalité et alors qu’il s’agit d’un registre très « efficace », le groupe ne cède pas à la simplicité en insérant des mesures à sept croches au milieu des quatres temps traditionnels du rock. Mais une fois de plus cela fonctionne, et ceci tellement bien que la plupart des auditeurs ne s’en rendent pas compte, un peu comme les sept temps de « Money » des Pink Floyd. Un passage très lyrique brise soudainement cet énervement asymétrique et là la voix se dédouble pour former une polyphonie à deux voies indépendantes plus des chœurs. La grille harmonique devient plutôt inhabituelle pour du rock et elle rappelle une nouvelle fois des compositions de Queen ou de Bowie. Elle disparaît quand le passage rock revient à nouveau et où une guitare fait un solo davantage constitué de sons étranges obtenus par divers effets que de notes réelles. « Paranoid Android » fini dans un chaos total contrastant énormément avec le caractère un peu émerveillé et très majeur de « Airbag » et deux ballades chargées en émotion vont alors se suivre.

La première, « Subterranean homesick alien », est une ballade mélancolique très orchestrée et relativement douce, les mélodies de différentes voix se croisent et se mélent au lyrisme des guitares. La seconde, « Exit Music (For a film) », est beaucoup plus sèche et brutale dans l’émotion. La voix commence seule avec une guitare folk et elle ne sera rejoint que très tard par des chœurs « robotiques » peut-être issu d’un mellotron puis d’une basse lourde et saturée et d’une batterie lente et décidée. Dans ces deux morceaux il est encore question de mondes étranges et de fuite voire de suicide comme seule solution. Pourtant un climat apaisant règne douloureusement sur le troisième morceau et cette ambiguité (ou plutôt cette ironie), va se retrouver un peu plus tard dans l’album pour le morceau « Karma Police ».

« Karma Police » est le sixième morceau et il nous éclaire beaucoup sur les textes. En effet il est question d’une police du karma qui contrôlerait les esprits et la morale de chacun et ceci renvoie directement au roman 1984 de George Orwell. On peut donc voir OK Computer comme un album de science-fiction inspiré de ce roman où Radiohead nous projette dans un avenir ultra-rationaliste où les humains sont presque télécommandés par la pensée et où ils côtoient des machines autoritaires dans un monde en crise. Radiohead n’est pas un groupe très heureux et optimiste, mais c’est un groupe intelligent car la fin de Karma Police est une mise en abîme ce qui est tout à fait novateur dans un style musical où les principes narratifs sont plus que rudimentaire pour ne pas dire inexistant. Alors que cette chanson est plutôt sur le ton de la dépréciation et du dégout, la fin est une coda très sucrée où le chant entonne les paroles suivantes : « Un instant je me suis égaré dans mes pensées », la police du karma veillerai donc au grain directement dans les esprits de chacun, y compris celui du narrateur, et comme on se laisse bercer par ces douces sonorités nous ne sommes pas loin d’y céder non plus.

Le septième morceau de l’album, « Fitter Happier », fonctionne un peu comme un interlude et un lavage de cerveau. Un panorama sonore de bruitages réels ou électroniques sert de toile de fond à une voix d’ordinateur qui récite sur un ton monocorde « sain, heureux, plus productif, agréable, ne pas trop boire, faire des exercices régulier à la gym (3 jours par semaines) etc… ». Un piano vient alors jouer quelques accords pour colorer le fond sonore alors très neutre et froid, mais aucune voix ni aucun autre instrument ne viendra et le morceau finit par les paroles du début, comme une boucle.

D’autres morceaux se succèdent sur le même thème, « Electioneering » est un rock assez énergique et débridé, un peu sale et un peu désordonné où la voix propose un refrain à l’ambitus très élevé puisque qu’il est constitué de trois phrases qui débutent toutes par un contre-ut. Cette chanson montre peut-être le narrateur dans une crise de folie, on trouve des chœurs discrets qui montent à l’inverse de la voix du refrain, un solo de guitare assez apocalyptique et deux fins semblent venir dans le morceau. « Climbing up the walls » évoque clairement l’enfermement des fous, on peut d’ailleurs mentionner que Thom Yorke a travaillé comme gardien dans un hôpital psychiatrique et que c’est cette période de sa vie lui aurait inspiré ce morceau. On y retrouve encore un solo de guitare surprenant, fait de bruits ressemblant a des cris ou des alarmes. Mais le dernier morceau vraiment clé de cet album est le suivant, « No surprises ».

Ce titre est sans hésitation le plus connu de Radiohead, rien que pour le petit arpège de guitare qui a illustré de nombreuse pubs et habillé de nombreux reportages. « No surprises » est une vraie « chanson » avec une mélodie simple, des couplets et des refrains tout à fait identifiables, un pont chanté est même construit d’après l’harmonie d’un couplet et un pont instrumental sert à relancer la chanson avec des chœurs. Pourtant les paroles sont plus désabusées que jamais : « Tu as l’air si fatigué et malheureux », « Ton travail te tue lentement », « Je prendrais une vie tranquille », « Une jolie maison, Un joli jardin », « Sans alarmes, sans surprises ». Radiohead nous berce donc au son de l’ennui de la vie idéale avec cette chanson et rapproche dangereusement le futur de notre époque, puisque ce morceau ne possède aucune allusion au futur ou à la fiction. Si elle a été reprise de nombreuses fois c’est qu’on peut très facilement en changer le sens pour donner une image de confiance ou de paix. Mais utiliser cette chanson ainsi n’est-ce pas l’utiliser au premier degré et tomber dans le piège contre lequel tout l’album nous met en garde? L’album commençait pourtant par nous dire que le narrateur était de retour pour sauver l’univers, à moins que cette fin ne soit inéluctable.

OK Computer est donc un album très complet, tant sur le plan purement musical que sur les paroles et la cohérence de l’ensemble. Il s’agit clairement d’un « rock intelligent », comme on a pu qualifier le groupe à la sortie de l’album. Il réussi le très difficile pari d’être un opus qui fut et reste extrêmement populaire auprès d’un public très large en étant pourtant de la musique d’un registre relativement élevée, brillamment écrite et composée. Beaucoup s’écrièrent qu’on ne pourrait pas faire mieux dans le monde de la pop-rock, et l’album suivant de Radiohead pourrait confirmer cela puisqu’il ne contient presque plus de guitares ni de batteries mais fait la part belle aux synthétiseurs et aux boites à ryhtmes.

Paroles originales traduites dans cette analyse critique:
-Airbag: « in the next world war, I am born again » « an interstellar burst, I’m back to save the universe»

-Paranoid Android: «Please could you stop the noise, I’m trying to get some rest. From all the unborn chicken voices in my head »  « What’s this? I’m paranoid, but not an android »

-Karma Police: « For a minute there, I lost myself »

-Fitter Happier: « Fitter, happier, more productive, comfortable, not drinking too much, regular exercise at the gym (3 days a week)  »

-No surprises: «You look so tired and unhappy »  «A job that slowly kills you »  « I’ll take a quiet life »  « Such pretty house »  « Such pretty garden »  « No alarms and no surprises »

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